Croyances indues

8ème étage sans ascenseur.  
Sapée comme une entraîneuse de peep-show, elle m’attend sur le pas de la porte de sa chambre de service.
- Pas trop dur ? C’est ça de courtiser une princesse…Bienvenue dans mon donjon ! »
Trop essoufflé pour lui répondre, je souris comme je peux et entre.
Elle me tend une coupette remplie jusqu’à ras bord, la sienne est quasi vide.
- J’ai commencé sans toi…C’est du mousseux mais il est bon ! »
D’une main tremblante elle se ressert tout en m’invitant à m’asseoir.
Sur la table basse jonchée de cendres et de came, un classeur grand ouvert rempli de vieilles coupures de presse : Entrevue, Closer, Télé Z…Sous ses yeux vitreux nostalgiques, je tourne les pages plastifiées : elle est partout, mains sur les hanches, nichons en toc, bouche en cul de poule.
Elle me narre ses 10 jours de gloire dans une télé-réalité comme si elle avait vu la Vierge.
- J’y croyais tellement…
- Faut surtout croire que le cathodique rend con…
- Le quoi ?
- Rien…Et donc ensuite la descente…
- En parlant de descente…C’est pas le moment !...On fume un peu ? »
Sans attendre une réponse, elle fait fondre au briquet ce qu’il reste de son caillou en aspirant par le stylo planté dans une canette de Kro recyclée en pipe à crack.
Tandis qu’elle inhale yeux mi-clos, j’en profite pour loucher piteusement sur son décolleté XXL. En fait juste deux grosses poches de gel mais rien à faire, je mords à pleines hormones à l’hameçon siliconé.
Face à nous, accroché au mur, cloué sur sa croix,  un Christ à la posture navrante nous considère d’un air navré.