A l’accueil
derrière son comptoir, une blouse blanche à verres de lunettes cul-de-bouteille
semble absorbée par une revue. Sa bouche obstruée par un doigt qu’elle utilise
façon cure-dent, le « bonjour » difforme qu’elle me lance me
conditionne d’entrée.
Je
frappe et entre dans la chambre sous les applaudissements dictés d’un public de
télévision ; sur son pieu électrique, allongée, la tête inclinée, ma
vieille somnole bouche entrouverte.
Elle
a déjà bien meilleure mine et les bajoues moins affaissées ; ses membres
n’ont pas l’air de trembler.
Sur
sa table de nuit, une grande enveloppe marron griffée d’une écriture de porc. Me
mordant la lèvre jusqu’au sang, je m’isole dans la salle de bain pour consulter
ses résultats : toujours un peu moins rassurants, toujours un peu plus
alarmants. Le foie a trinqué mais tenu.
Mâchoire
légèrement desserrée, je savonne bruyamment mes mains quand sa voix me fait
sursauter :
- Tu
les as pris comme j’aime, fourrés à la liqueur de Kirsch ?
Je
quitte l’endroit sans dire un mot au son de la clameur plaintive des
spectateurs télévisuels pour un candidat malheureux.