J’arpente
les rues qui rient, râlent de spectateurs ravis, déçus. Sans même me lancer un regard, un binoclard
boutonneux que j’imagine être étudiant me colle un flyer dans les mains :
Le 1er conte pornographique pour petits et
grands
Un éclairage
contemporain de l’œuvre de Prokofiev
Je
transforme le tract en boulette, le lance au visage bourgeonné du lunetteux
puis m’éloigne l’air de rien en sifflotant le thème principal de la célèbre
partition.
Alors
que la foule prend d’assaut les crêperies du quartier, je sens la faim me
tenailler à mon tour et décide de rentrer.
Sur
le trajet du retour, un boucan de cour d’immeuble m’arrête ; une fête des
voisins bat son plein autour d’un buffet bien garni. Pas léger, bras levés, je
pousse la grille d’entrée et arrose l’assemblée d’un souriant «
Salut ! ». Passée la gêne générale, tous retournent à leur bavardage
et j’attaque l’assortiment de canapés.
A
l’écart des autres résidents, une jeune
nana fait le pied de grue, un verre de soda à la main. Je l’aborde, on papote,
sous l’œil méfiant de ses parents qu’elle me désigne du menton.
Alors
que la nuit s’invite, on file poursuivre la soirée sur un banc de square
quelques rues plus loin, chacun une
bouteille à la main.
Quelques
gorgées plus tard, tandis que sa chevelure blonde va et vient lentement sur mon membre, je me surprends à siffloter le même air que précédemment.