À peine entré dans sa chambre de bonne, elle me déleste de mes courses d’un sourire enjôleur. La pièce est en bordel, l’évier déborde de vaisselle sale. Tandis qu’elle déballe mes emplettes, j’ouvre discrètement le frigo, que je devine vide. Bingo.
Elle remplit nos coupes illico, s’allume une cigarette. Sitôt la première latte tirée, elle retombe en arrière dans son canapé défoncé.
Elle parle peu, boit beaucoup, gloutonne à grands coups de baguettes les sushis dénichés au Drugstore Publicis. Je meuble tant bien que mal, elle marmonne tout en mastiquant, remplissant de plus belle nos coupes, enfin surtout la sienne. Rassasiée, elle va pour s’en griller une autre.
Flairant l’arnaque, j’attaque ; elle esquive aussitôt.
- Pas la tête à ça…
- Ouais, t’es moins portée cul qu’estomac.
- Arrête...Écoute, je voudrais pas t’mettre à la porte mais à vrai dire j’suis exténuée.
En rage mais impuissant, je décampe sans même un regard comme un livreur sans son pourboire.
Retour dans la rue de la paix, que je remonte mâchoire serrée. Arrivé à ma brèle, je vais pour démarrer quand mon regard, interpellé par une masse sombre, coulisse direction place Vendôme ; le plug anal de McCarthy trône crânement dans l’obscurité.