Énième engueulade avec Jeanne, heureusement à distance, cette fois. La soufflante s’éternisant, je la déporte de mon oreille et la met sur haut-parleur.
- (…) Bon, et tu reviens quand d’la campagne ? Si tant est que t’y sois vraiment. Ça fait deux jours qu’tu dois rentrer. Si t’es chez une de tes nanas, je finirai par le savoir.
- C’est pas ma faute si l’exterminateur a déjà reporté trois fois la date du rendez-vous.
- C’est moi qui vais t’exterminer, à ton retour.
- Tu vas surtout te calmer d’ici là.
- Nan mais sérieux, tu crois que je connais pas mes soutifs ? Celui trouvé sous ton canap’ n’est pas à moi.
- Écoute, vraiment je sais pas quoi te dire… ça doit faire un bail qu’il est là.
- Un Pimkie rose bonbon en plus. Merde, j’ai une poitrine à porter du Pimkie ?
Le carillon de la porte vient me sauver la mise.
- Ah, ça sonne. Ça doit être lui.
Sans même un au revoir, Jeanne me raccroche au nez.
Une demi-heure plus tard, après avoir enfumé la colonie et dégagé le nid, le type redescend précautionneusement de la toiture.
- Vous avez bien fait de m’appeler. Là c’était juste des bourdonnements, un vague bruissement… mais croyez-moi, tôt ou tard, le faux-plafond aurait cédé, les poutres auraient lâché…
- Ah ouais, ça aurait pas été la même histoire…
- Ni le même prix à payer ! Vous avez agi sans tarder et vous avez bien fait.
- Je bois vos paroles.
Sitôt l’homme payé et parti, j’empoigne mon portable histoire de rappeler Jeanne et d’une fois pour toutes mettre fin au règne de la reine des chieuses.