Blues bulgare

On vient de finir notre affaire.
Sur sa minuscule table de nuit, près de mes billets chiffonnés, son réveil matin aux chiffres bleu fluo me signale l’heure écoulée.
- Encore quelques minutes tu peux rester » murmure t-elle tout en me ramenant par le bras sur le matelas et en posant sa tête sur mon torse.
- T’inquiète, c’était parfait comme touj-…
- Tu as déjà été à Bulgarie ?
Sans attendre une réponse, elle fredonne quelques notes d’une chanson dans sa langue natale.
- Fais gaffe, tu vas m’endormir…Elle dit quoi ta berceuse ?
- Ça parle des haïdouks…C’est le bon brigand… Le gentil voleur...comme votre Robin des bois.
- Vaurien mais généreux ?
- Voilà. Petite, ma grand-mère me chantait ça quand on lavait le linge sur les bords de la Maritza.
- …Chante encore.
Tandis qu’elle reprend la ballade à mi-voix, je sens de l’eau tiède sur ma peau.
- Maintenant tu dois partir.
Elle renifle, se relève et sans se retourner trottine jusqu’à la salle de bain.
Je me resape, rajoute un billet chiffonné.
A l’instant de quitter la piaule, sa culotte posée sur une chaise me fait de l’œil ; je l’attrape et file à la hâte.
Arrivé au rez-de-chaussée, j’entends sa voix du haut des marches :
- Bye bye haïdouk.