Soldes nocturnes

Banlieue by night, paumé je roule au pas.
La sensation n’est pas désagréable mais le temps file ; une boutique encore éclairée m’incite à m’arrêter pour aller demander ma route. 
Derrière la porte fermée, une femme agenouillée s’affaire avec des fringues sur cintres et des feuilles gribouillées.  A côté d’elle, une montagne d’étiquettes fluos aux contours hérissés.
Je frappe à la vitre,  à peine surprise elle se relève, vient m’entrouvrir.
- Suis en plein inventaire, et les soldes qui démarrent demain…Que voulez-vous ? 
- Voilà, je cherche une rue...
Une vendeuse efficace : quelques minutes plus tard j’arrive à l’adresse en question.
Je sonne, la porte s’ouvre sur une robe courte d’un jaune criard, surplombée d’une bouille bariolée au-dessus de laquelle se dressent des mèches presque acérées, type « pique » ; la frange est courte, carrée, la coupe déstructurée,  de couleur noire et par endroits d’un vert pétard.
Plus tard dans la nuit, je ressors de l’appartement le for intérieur partagé entre orgiaque opportunité et libido bradée.