Petite mort dans les Caraïbes

Saint-Martin, les Antilles Françaises. On prend le petit-déjeuner dans un des restos de l’hôtel. Buffet à volonté, serveurs aux petits soins et vue sur une eau veloutée.
- L’Enfer est bleu turquoise et se traverse à deux…
- Tu dis ?
- Rien qu’à deux, ouais. Devine depuis quand n’a t-on pas baisé, mon amour ?
- Tu vas pas recommencer…Et tu sais que j’aime pas quand tu parles comme ça…
- DEVINE.
- Arrête, tout le monde nous regarde…
- JE VEUX BAISER.
Elle se lève, se barre sans les clés, yeux embués, pommettes écarlates. Je finis mon café puis passe au bureau du concierge histoire de me renseigner sur les activités du jour et autres excursions à venir.
Quand je retourne au bungalow, je la trouve assise sur le sable de notre coin de plage privée. Recroquevillée sur elle-même, elle sanglote le nez dans ses genoux.
- Bon, excuse-moi…
- Tu sais bien, en plus…En vacances faut qu’je décompresse…J’ai tellement besoin de repos.
- ...Et trop de boulot à Paris donc hors-service soirs et week-ends. Ouais, ouais, je sais.
Elle m’arrache les clés de la main et d’un bond file vers la villa. Furibard, j’ôte mon maillot, empoigne ma queue et m’astique comme un forcené. La mer est d’un calme effroyable, le ciel dégagé de tout nuage et l’air sans le moindre pet de vent. Un beau jour pour mourir un peu. J’éjacule sur mon bide bronzé, m’en fous plein les poils et sanglote à mon tour.
Je me relève en nage, file à la flotte me rincer. J’entre dans l’eau jusqu’à mi-cuisses, me retourne ; depuis l’allée, une femme de chambre obèse m’observe d’un regard placide. Une main posée sur son chariot, de l’autre elle me salue mollement.