Architecture d’un coup d'un soir

Tranquillement, on finit notre dernier verre. Autour de nous les chaises retournées sur les tables nous poussent lentement vers la sortie.
Sur le trottoir nos langues couvertes de tanin se fritent sous l’œil amusé du patron qui abaisse le rideau du bar.
- Ni chez toi, ni chez moi. Allons chez d’autres, me glisse t-elle entre deux pelles énervées.
Une architecte. En bonne cartésienne créative, elle m’emmène sur un de ses chantiers actuels, un penthouse en plein travaux.
Contraste entre extérieur de carte postale - Paris 360° - et intérieur désaffecté : murs lacérés de tranchées pour fils électriques, cloisons pétées, sur le parquet poussiéreux ponceuses et perceuses dispersées, jeans d’ouvriers couverts de plâtre…
Elle chope un des casques antichoc qu’elle me visse sur le crâne, se penche sur un sac de gravats, relève sa robe :
- Au boulot.
Le job bouclé chacun repart dans un taxi, mine noircie, fringues blanchies. Nos chauffeurs gueulent un peu mais cèdent.
Encore haletant sur la banquette, tête en arrière, les yeux sur le trafic, je sors mon téléphone, vais pour envoyer un texto pour finalement me raviser.