Bien trop bien

Un bar, un soir. Son bras élancé sur le zinc, une belle brunette seule plantée là comme un morceau de gruyère sur une tapette à rats. On s’invite du regard et du comptoir on passe au box. Les heures passent, les verres se vident et se remplissent. On discute, on débat, on s’emporte, on se marre. Alcool oblige, le pathos s’en mêle, les confessions éthyliques pleuvent.
La fille a tout pour elle. D’ailleurs même l’addition, c’est pour elle. Je proteste mollement, la tête ailleurs, chez moi pour être exact, histoire d’un dernier verre  et d’une levrette cognée sur le coin du canap’. Tandis qu’elle tape son code cb,  la mécanique s’enraye.
On sort et marche un peu, au hasard du bitume vacant. C’est samedi soir,  la ville est bondée et l’ambiance au bonheur affiché. On croise des bandes pompettes, des touristes piailleurs, des couples agglutinés.  
Sous les rires de la rue les mots s’espacent, la connivence crevasse.
Agacé, j’évoque l’heure avancée. Les tel. enregistrés, on se promet une prochaine fois. 
Une heure plus tard, portable éteint, je m’endors soulagé.