Un gosse, une garce

Oui.
Non…
Oui.
Non.
Oui.
NON.
Engueulade, elle me vire. Beurré comme une tartine, je descends les marches sur les fesses. Dans la cour de l’immeuble je titube et tâtonne 5 bonnes minutes pour dénicher le bouton « PORTE », 10 autres pour trouver mon scooter. A peine installé sur la selle, je somnole.
Histoire de dessaouler je décide d’un tour dans le quartier avant de reprendre la route.  Ca braille aux terrasses de troquet, perchés sur des balcons d’immeuble des gens dansent un verre à la main. Et moi, et moi, et moi…Pété comme un coing, la queue derrière l’oreille.
Au détour d’un trottoir je reconnais la rue, celle de l’école de mon enfance.
L’alcool a beau battre mes tempes et saturer mon sang, les images dans mon crâne sont nettes : un cartable trop lourd sur le dos, je trottine cramponné à la pogne paternelle tenant comme je peux la cadence des jambes du géant qui m’emmène. Et les cris de cour de récré, le gros savon jaune des toilettes, les couvertures couleur des cahiers grands carreaux…Et puis la petite amoureuse, la seule, la vraie…Le reflet sombre d’une vitrine me ramène au présent.
« Sorry petit, j’ai merdé.  30 ans passés pour rien. Mais fini les conneries, j’accueille ce signe du destin comme il se doit et dès ce soir je te fais le serm… »
 Le portable sonne.
- T’es où ?
- Pas loin…Je marche un peu histoire de décuver d’1 gramme ou 2.
- Bah…En fait c’est oui.
Je fixe le gosse dans la vitrine, reconnais le sourire en coin.
- …Bon ben j’arrive.