Voyage, destination, etc.

Minuit et des brouettes.
Virée dans le far-ouest parisien, une qui m’invite chez elle à boire un verre - mais la bouteille, c’est pour moi. Un bordeaux, a t-elle insisté.
Traversée rituelle de grandes artères banlieusardes vidées de leur sang piétonnier après 21h, et ville après ville toujours les mêmes noms qui reviennent : Jean Jaurès, Victor Hugo, Maréchal Juin...Tu parles d’une postérité municipale.
Aux feux rouges, je zieute tous alentours : restaurants aux noms délicieusement ringards, «  La gamelle au plafond », bars aux appellations folklos , « La machine à coudes »…Sur les trottoirs blafards, derniers sursauts de vie : un  père de famille éreinté tenu en laisse par le chien familial. Le sac lourd de déjections canines à la main, le regard vide et sans doute le cœur gros. J’imagine un entretien annuel raté, une vie sexuelle à vau-l’eau, des projets macabres pour ses proches…Le feu passe au vert et je démarre tout sourire, grisé par le charme cafardeux de ces agglomérations aux airs de stations balnéaires hors-saison.
Arrivée devant la résidence proprette, hideuse. Coup d’œil dans la glace de l’ascenseur : yeux rougis par le froid, coiffé comme un piaf à cause du casque et à peine le temps de soupirer que la voix digitale annonce : «  7ème-ETAGE ».  Je frappe, la porte s’ouvre, une brune à peau très pâle perchée sur talons. Elle doit bien culminer à plus d’1m80. Sourire de garce. L’Anapurna version Kamasutra.
On s’assoit – ça va déjà mieux -, je débouche la bouteille, nous sers, les sujets défilent : son boulot,  ses lectures, son goût pour les séries, sa mère intrusive…Le rouge passe bien.  
Blanc.
On s’emballe, on s’encastre, on s’enlace, on s’ennuie.  Je m’en vais.
Au retour, j’opte pour le périph’.