Saturday night Shoah

Nuit moite à la mi-août, insomnie étouffante.
Les gens sont partis noyer leurs emmerdes dans l’eau d’une plage du littoral le temps d’un week-end prolongé.
Paris libéré, royaume suffocant des touristes étrangers, des chômeurs et des putes.
En sueur, en chien, je m’adosse à la tête de lit et l’ordi calé sur les cuisses je file sur les sites d’escorting. Ça clignote de partout, couleurs criardes, bannières en flash où des nichons maous s’agitent et des culs se trémoussent. Ici c’est l’embarras du choix, y a toutes les couleurs, tous les poids, toutes les tailles et tous les tarifs…Une brunette accroche mon regard. Je fantasme en http, bande pour des lignes de code, du pixel siliconé.
J’appelle. Voix dégoulinante, la fille détaille pratiques / tarifs façon centre d’appel pour obtention de crédit. Je note adresse et code, file sous la douche,  me prépare comme si plaire comptait et décolle direction le Neverland des MST.
Je frappe et sens sur moi l’œil derrière le judas. Une grande liane m’ouvre, en string et sur talons, seins nus.  J’entre et lui tends la somme convenue qu’elle saisit  presto d’un sourire de hyène repue.
- La douche au fond à droite…déshabille-toi avant d’entrer.
L’accent fleure bon la Taïga sibérienne.
- Je viens d’en prendre une, pas la peine…
- La douche au fond à droite…déshabille-toi avant d’entrer.
Pas l’heure pour un cours de français, je suis la procédure de chambre à gaz, entre à poil dans la pièce. A côté du panier à linge une grande pile de serviettes de bain et sur les rebords de baignoire des savons d’hôtel par dizaines. L’eau brûlante gicle du pommeau, la vapeur monte. J’éteins la lumière principale et dans le miroir éclairant je fixe mon image reflétée, la regarde fondre dans la buée.