Et merde

Soirée grandiose.
Ça sentait pourtant pas très bon, rendez-vous arrangé. Le genre de scénario catastrophe pour désastre annoncé. Au final un dîner sensass’ et la voilà qui m’invite pour  «  un dernier verre chez elle ».
Dans la caisse je savoure l’instant. La montée des marches, les hormones qui dansent la gigue…Les jeux sont faits et tout va bien : MERCI PETIT JESUS.
Dans les autres voitures j’observe les couples. Regard au loin, lèvres serrées, la radio sûrement allumée histoire que l’autre la boucle et pressés d’arriver pour  aller vaquer dans son coin.
Allez les gars, risette, ce soir le soleil brille !
Arrivés dans son loft elle dégaine deux verres en cristal et un château Yquem. Une dizaine de lampées plus tard je file à l’étage me vider la vessie.  Quelques tableaux de maîtres, de sublimes pièces de mobilier…Déco classe et sobre, une femme de goût en plus. Ce soir la super cagnotte est pour bibi. Sourire aux lèvres je relève le rabat de cuvette : un colombin énorme flotte en surface. Le numéro complémentaire.  L’eau d’un brun sombre indique l’état de décomposition avancée de l’étron mais quand même, le gaillard en impose. Un dur à cuire, la chasse d’eau peut en témoigner.
Sitôt celle-ci tirée et la crotte enfin ad patres, je débraguette et pisse en apnée tandis que l’odeur fécale embaume la petite pièce. Je manque de dégueuler et zappe l’étape lavage de mains.
La queue en berne je retourne au salon.
- Bah t’es tout pâlichon ça va ?
- Le tournedos…Passe pas…
- Ah toi aussi ? ça me rassure, j’ai l’estomac barbouillé depuis qu’on a quitté le resto. A mon tour de te fausser compagnie…
Alors qu’elle emprunte l’escalier d’un sublime déhanché, le cœur serré je la contemple une dernière fois, l’écoute fermer la porte, récupère ma veste et décampe.