Opération 9-3

Le bas-Montreuil, un soir de juin. Dans son loft de la rue Robespierre, Sandra et moi picolons joyeusement en devisant de choses et d’autres : parcours de vie, amours passés, l’apogée du tout-digital, nos derniers pays visités, les aléas relationnels générés par les rencontres sur applis. Tout au long de l’échange, je fais en sorte d’éviter LE sujet polémique qui pourrait faire tourner la soirée au vinaigre en deux coups de cuillère à pot : la politique. 

Progressivement, délicieusement, la conversation tourne cul. On se fait alors part de nos fantasmes respectifs. 

Ah carrément. Baiser une musulmane tradi.

- Et si elle porte le hijab, je fonds.

 T’as quand même conscience que pour ces femmes-là, c’est pas une tenue d’infirmière ou un uniforme de soubrette. C’est leur foi que tu mets à mal, leurs croyances intimes que tu souilles.

- C’est pas pire qu’une nana qui trippe sur un mec en costard.

- Tu plaisantes, ça n’a strictement rien à voi-…

Flairant l’échange dégénérer, je passe la seconde. Mon verre quasiment vide posé, je m’approche d’elle, l’emballe sans crier gare. Surprise, Sandra se cambre et puis se relâche aussitôt. Tandis que nos langues serpentent et tourbillonnent dans un ballet sensuel, je sens sa mimine faire sauter un à un les boutons de mon jean. Découvrant mon membre raide comme un piquet, elle gémit de plus belle, commence à le branler. Elle va pour se mettre à genoux quand sa paume soudain ralentit, ses doigts tapotent sur ma hampe comme en recherche d’un objet égaré. Sandra cesse alors tout mouvement, interrompt nos pelles à pleine bouche :

Ah mais… t’es circoncis ?

- Bah ouais. C’est un problème ?

- Mais pourquoi ?

- Mes grands-parents, du côté de ma mère. Deux polonais ashkés. Ils y tenaient.

- Ok. Donc t’es juif ?

- Bah, par la force des choses, oui. Enfin mon père, lui, est catho.

- Mais tu sais que chez eux, c’est la mère qui transmet.

- J’suis au courant. T’en parles comme si c’était la peste.

- La peste, nan. Mais bon. Déso’, ça va pas être possible.

- Quoi ? Mais pour quelle raison ? 

- Pas moyen d’envisager le moindre rapport intime. J’aurais l’impression de me taper Netanyahou, B.H.L., pire encore, Sarko’.

- T’es pas sérieuse ?

- Crois-moi, je suis aussi frustrée que toi. Mais c’est plus fort que moi. Quand je vois la situation, là-bas…

- Où ça ?

- En Palestine. C’est le pot d’terre contre le pot d’fer. Je supporte pas l’injustice. Et puis tous ces lobbys juifs… ça ne m’étonnerait pas que la pandémie de Covid soit l’œuvre de la mafia sioniste.

Sidéré mais pas démonté, je manœuvre précautionneusement :

Si ça peut t’éclairer quant à mes convictions, j’ai jamais pu pifer Sarko. Et en avril prochain, je compte bien voter Mélenchon.

- Vraiment ?

- Vraiment. Et puis tu sais, pour ma circoncision, personne m’a d’mandé mon avis. J’avais huit jours. Enfant, que dis-je, bébé, on n’a pas notre mot à dire.

- Je comprends carrément. Moi c’est pareil, j’ai pas eu l’choix. J’en voudrai toujours à mes vieux de m’avoir mise à l’anglais dès 6 ans. Langue de foutus impérialistes. Si j’avais eu voix au chapitre, j’aurais choisi l’arabe.

- Mais tellement ! 

Tandis qu’un ange passe, je sens le dos de sa main droite effleurer mon gland violacé.

- Bon, tu me rassures un peu. Et puis faut bien le dire, c'est quand même plus joli, un sexe circoncis. T’as été bien coupé, en plus : l'ourlet est épais, régulier… punaise, ça donne envie.

Quelques minutes plus tard, après que Sandra m’ait sucé comme si sa vie en dépendait, j’enfonce lentement ma queue en elle avec le sentiment du devoir accompli, celui de balancer un gros bâton de dynamite en plein dans un Fürherbunker.