Sextoy love affair

Elle avait du désir, ressentait de l’envie. 

C’était la première fois que ça lui arrivait depuis le décès de David des suites de ce foutu cancer il y a tout juste un an et ça se passait en A.G., dans un espace de coworking. Plus de trois heures durant, les copros réunis autour d’une immense table ronde avaient parcouru point par point les différents sujets mis à l’ordre du jour : réélection des membres du conseil syndical, nouvelles nominations, réfection du toit de l’immeuble, installation d’un arrosage automatique pour le parc arboré, pose de détecteurs de présence… la soirée avait été longue, bavarde et animée. Pendant tout ce temps, Benjamin, copro’ de 25 ans récemment installé, l’avait dévorée du regard tel un objet de convoitise, une alléchante friandise. À de nombreuses reprises elle lui avait souri histoire de l’encourager à se lancer, à venir l’aborder.

Quand au sortir de l’assemblée il l'aborda et lui offrit un verre de vin dans son appart’ situé au dernier étage, elle accepta sans hésiter.

Le grand deux-pièces sentait encore l’enduit et le cuir de son Chesterfield flambant neuf. Il leur servit un Sauvignon un peu trop fruité à son goût mais au regard des circonstances n’importe quel vin aurait pu faire l’affaire. Après quelques échanges sans grand intérêt à propos des voisins, des commerces alentours, il s’approcha d’elle brusquement, lui fourra sa langue dans sa bouche. Il était aussi gauche que beau, elle trouvait ça touchant. Tandis qu’il la léchait comme un chat lape son lait, elle songeait à David, à sa langue qui la faisait jouir en deux temps trois mouvements, à ses doigts de sourcier, à sa queue faite pour elle. 

L’éphèbe avait beau s’employer, elle ne ressentait rien, pas la moindre alchimie des sens, pas le moindre début d’orgasme.

Il vint silencieusement, sans doute un peu honteux d’éjaculer aussi rapidement. Flattée par son excitation, amusée par sa gêne, elle le mit à l’aise, ils parlèrent brièvement de leurs jobs respectifs puis elle se rhabilla.

De retour chez elle, elle se changea, enfila un déshabillé, avala quelques shots de téquila Jose Cuervo et sortit son sextoy, le cadeau d’adieu de David, un Womanizer modèle Premium 2. Fait de silicone médical, technologies Pleasure AirSmart Silence, Autopilot, plus de deux heures d’autonomie, 14 niveaux d’intensité. Son homme était parti, et sans doute avec lui un peu d’elle aussi, mais chaque fois qu’elle sortait son jouet, elle sentait sa présence, son aura bienveillante.

Allongée sur son canapé vert d’eau de chez Cinna, cuisses grand écartées, elle jouit enfin, à l’esprit son défunt mari, ses mains caressant son visage, son membre épais fourrageant sa fente trempée. Après l’orgasme, elle oscilla entre rires à gorge déployée et pleurs incontrôlés, entre Benjamin et David, entre cougar frigide et veuve masturbatrice. Entre ses jambes le jouet gisait, bruissant imperceptiblement.