Happy end

Paris, du côté de la porte Maillot, un beau milieu de nuit. Sorti manu militari de mon sommeil par le halo de sa petite lampe de chevet, je l’entends trottiner jusque dans son salon, fouiner, puis revenir se glisser dans le lit.

Mmmm…. Tu fais quoi ?

- Rien de grave, petite insomnie. Je vais bouquiner quelques pages.

- Mmmm… Tu lis quoi ?

- De la littérature feel good.

Je me retourne, ouvre péniblement un œil.

Hein ?

- Un livre qui fait du bien.

- Quel titre ?

Elle me montre la couverture : Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie.

Une merveille d’humour et d’amour. Un vrai page turner !

- Pfff.

 Si ça te plaît pas, c’est pareil. 

- Remarque pour s’endormir, on fait sans doute pas mieux.

- Tu affirmes sans savoir, tu juges sans connaître. Te connaissant, rien d'étonnant.

- Écoute, rien qu’en lisant le titre, j’ai déjà l’impression d’avoir cramé quelques neurones.

- Ce que tu peux être sectaire. Je te prêterai mon préféré, Il est grand temps de rallumer les étoiles

- Et si on éteignait plutôt la lumière ? 

Je passe une main entre ses cuisses, qu’elle repousse aussitôt.

Arrête un peu, je suis sérieuse. Quand tu vois ce genre de bouquin, t’imagines quelles histoires ?

- Des romances niaises, des bluettes un peu débilos… Un savant mix de Danielle SteelMarc LevyBarbara Cartland.

- T’es loin du compte. Tu verras, tu vas passer par toutes les émotions. Et bien souvent du rire aux larmes.

- Ah bah ça, pleurer, j’en doute pas.

- Bon, tu me gonfles. Tes idées reçues, j’en peux plus. Prends tes fringues, ton casque et barre-toi.

- Quoi encore ?

- Tu crois en rien. Tu dénigres le beau à tout-va, railles le moindre bon sentiment. Avec ton blog de brèves salaces et tes poèmes de dépressif. Tu penses intéresser quelqu’un ? tu crois faire rêver qui ?

- Et bé. Pas vraiment Musso-compatible, cette méchanceté gratuite.

- Tu vois, moi aussi je sais faire. Allez, tire-toi.

Chauffé par sa verve assassine, je baisse le drap, découvre ma queue, raide à m’en faire péter le frein. Anna me fixe d’un air mauvais.

Pour ce que ça va te servir...

Je lui arrache le livre des mains, l’envoie voler au pied du pieu, la retourne, baisse son shorty, m’enfonce en elle d’un coup d’un seul.

Dis-moi ça te fait de l’effet, ce genre d’histoires nunuches. T’es trempée. 

Anna maugrée, se met à quatre pattes et se cambre à l’extrême.

Le parfum du plaisir est plus fort en levrette ?

- Ferme-la. Tu vois, ça finit comme dans tes écrits. Tellement cliché. Tu vaux pas mieux que mon auteure fleur bleue. 

- J’avoue, j’aime moi aussi quand ça se termine bien.

Anna se marre, gémit puis éteint la lumière.