Pacte avec le diable

Fin août 2019, la plage d’Aiguebelle, dite La Charmeuse, au Lavandou. Immergé jusqu’à mi-cuisses dans l’eau tiède, transparente, perdu dans d’ombrageuses pensées, mes mains posées sur le bassin, une voix soudain m’aborde : 

Monsieur, désolée de vous déranger… Je peux vous demander votre âge ?

- Quarante et des bananes… C’est pour un sondage ?

- Disons plutôt pour un pari, me répond d’un air mi-ange mi-démon la jeune fille en maillot deux pièces jaune jonquille. 

De longs cheveux brun aux reflets mordorés, un visage de nymphe aux traits fins, réguliers, de grands yeux marron en amande, une taille 36 à tout casser. Afin de dissimuler une éventuelle érection à venir, je m’enfonce un peu plus dans l’eau jusqu’à la sentir lécher mon nombril.

- Tiens donc… Quel genre de pari ? 

- Vous allez trouver ça gamin mais voilà, les deux copines avec qui je suis en vacances m’ont lancé un défi : me taper un quadra d’ici la fin du séjour. Vous êtes mignon, plutôt mon style… Et j’avoue, le côté plus âgé m’excite.

- Le côté vieux, vous voulez dire.

- J’ai 19 ans, alors oui, par la force des choses, vous l’êtes pour moi… Mais dans l’absolu pas vraiment. Et je vous le répète, l’idée m’excite énormément.

- Vous vous appelez ?

- Faustine.

- Et comment voyez-vous les choses, Faustine ? On fait ça là, dans la grande bleue ? 

- La grande bleue ? 

- La Méditerranée…

- Ah ! Haha, non, on va éviter le plan exhib’ ! Je pensais plutôt à se retrouver dans les toilettes hommes du restaurant Le Commodore. J’y vais la première, vous m’y rejoignez d’ici quelques minutes. Ça vous va ?

Le morcif raide comme la justice, les tempes en feu, je m’entends lui répondre un bref et définitif GO.

- Super, je vous dis à dans cinq minutes alors, lâche-t-elle d’un ton primesautier, satisfait, avant de nous planter là, moi et mon féroce gourdin, au beau milieu des flots.

Le laps de temps écoulé, je sors enfin de l’eau. Arrivé en haut de la plage, j’entends glousser à quelques mètres : deux jeunes nanas, allongées sur le ventre à même le sable me lancent un regard amusé, complice. Ses acolytes, probablement. Tandis que j’approche des chiottes du Commodore, je réalise que j’arrive démuni de capotes. Faustine a-t-elle pensé à tout ? J’en doute, a fortiori à son jeune âge. 

Je toque en douce à la porte des gogs. Tout sourire et topless, Faustine m’ouvre. 

- Mais dites-moi, vous avez pensé à… 

Avant même que j’aille au bout de ma question, Faustine referme la porte, s’agenouille et me débraguette. 

- Chill, Clara m’a filé une capote, elle en a toujours dans son sac… Je peux vous sucer un peu pour commencer ?

- C’est si gentiment demandé…

Elle entame alors une prodigieuse pipe, cadencée et humide à souhait.

- Bon sang, ralentissez un peu, à ce rythme je vais tout lâcher.

Faustine, sans jamais s’interrompre, me tend alors son téléphone et articule entre deux va-et-vient un baveux Pouvez-vous filmer s’il vous plaît ? 

Quelques secondes plus tard, c’est son iPhone entre les mains et le maillot de bain aux pieds que je réprime un râle exquis. Faustine relâche alors délicatement son étreinte buccale tandis que, progressivement, sa langue amoindrit ses assauts autour de mon gland violacé. Je l’entends déglutir, gémir puis recommencer de plus belle. 

Vidé jusqu’à la dernière goutte, adossé au carrelage blanc crème, je reprends lentement mes esprits. Faustine, déjà debout, le nez collé à son portable, affiche un air sombre, déconfit.

J’y crois pas… Y’a qu’une seule vidéo et elle dure une seconde…

- Ah. Dans le feu de l’action, mon doigt a peut-être ripé, j’ai dû appuyer deux fois de suite sur le fameux petit bouton rouge…

- Vous êtes sérieux là. Putain. Mes copines vont jamais me croire. Et du coup rien dans la capote, en plus.

- Parce qu’une fois le préso rempli vous comptiez repartir avec ? Après tout on est au resto et c'est un doggy bag comme un autre, vous me direz.

- Pauvre type.

- Non mais vraiment, ça me dépasse. Au fait, vous ne m’avez pas dit… Si le pari était gagné, que remportiez-vous ? 

 Mes cops me payaient tout jusqu’à la fin des vacs’ : bouffes, bars, boîtes… La totale.

- Un vrai pacte Faustien, Faustine. Marrante cette anagramme, d’ailleurs.

 Quoi ? Pfff, vous aviez raison. Vous êtes vieux.

Sans un mot d’adieu Faustine file, me laissant seul dans les W.C., cul nu, les guiboles en coton, la queue encore à fleur de peau.